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« Loin des villes, loin du cœur » : un appel au sursaut de la gauche dans les campagnes

Livre. « La gauche veut-elle regagner les campagnes ? » Telle est la question qui sous-titre et sous-tend l’ouvrage Loin des villes, loin du cœur, de Rémi Branco (L’Aube, Fondation Jean Jaurès, 128 pages, 14 euros). L’ancien chef de cabinet du ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll est revenu s’installer dans le département familial, le Lot, où il occupe depuis deux ans le siège de vice-président socialiste du conseil départemental et tente de reconquérir sa circonscription – historiquement de gauche, elle a basculé aux mains du député LR Aurélien Pradié, en 2017.
Tandis que les gauches cogitent autour de la reconquête du vote populaire rural pour espérer enrayer la montée du Rassemblement national (RN), l’élu lotois de 39 ans apporte une contribution nourrie du terrain, à la façon du député « insoumis » François Ruffin depuis la Somme. Un examen de conscience sans concession quant aux raisons qui ont conduit la gauche à « perdre pied » dans les campagnes. Au risque, met-il en garde, de disparaître.
Car si « aucun âge d’or de la gauche rurale triomphante n’a jamais existé », elle y avait auparavant une place. Or sa bannière suscite aujourd’hui « une hostilité de plus en plus vive », constate-t-il au gré de ses porte-à-porte, « frappé » du décalage entre les préoccupations des Lotois et les discours de certains leaders médiatiques, centrés sur des sujets urbains. « Le propos n’est ni pro ni anti-Nupes », assure le socialiste, qui entend témoigner de la façon dont des comportements ou des propos polémiques, parce que surmédiatisés, peuvent « abîmer » l’image de l’ensemble de la gauche et blesser certains habitants – ainsi, dit-il, de ceux de Sandrine Rousseau (EELV), d’Aymeric Caron ou de Jean-Luc Mélenchon (LFI), à propos du barbecue, du droit à la paresse ou encore des violences policières.
Car « nous sommes regardés », et ce jusque dans les hameaux, rappelle-t-il, évoquant la place des chaînes d’information en continu. Or « sur le terrain, qui trinque ? C’est nous. (…) Il nous est de plus en plus difficile d’assumer une proximité avec une partie de ce que la gauche donne à voir d’elle-même. (…) Parce que trop de ses propos nous font perdre et parfois nous font honte ».
A mesure que le RN se normalise, c’est la gauche qui est, selon lui, diabolisée, perçue comme « le camp du bazar » à l’Assemblée, « une élite qui impose un modèle de vie, des donneurs de leçons qui, depuis les métropoles, expliquent comment il faut manger, se loger ou se déplacer ». Le socialiste n’épargne pas non plus son parti, qui, au pouvoir, n’a pas su « enrayer le déclassement des territoires ruraux », et est « passé à côté de la désertification médicale », de la valeur travail, des colères croissantes sur les transports…
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